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SKY’S THE LIMIT – les peintres de l’extrême #documentaire

27.04.2024
 Il  y  a  déjà  une  histoire,  un  passé,  ça  ne  naît  pas  de  nulle  part... 

voyages hip-hop & disciplines multiples

Jérôme Thomas est un enfant des années 80 happé par la vague hip-hop. Il en conserve aujourd’hui la créativité, la volonté et la débrouillardise. Un peu de nostalgie, saupoudrée de graffiti, de rap et d’amitié, on a passé un moment dans son atelier d’Ivry pour qu’il nous raconte ses expériences et aventures. Récemment devenu peintre à plein temps, il a eu plusieurs vies, dont celle de documentariste. Voici le premier chapitre, le deuxième arrive bientôt…

Dans les 90’s, avec les potes et les missions peintures, Jérôme devient celui qui documente et filme les frasques de son crew, STS. Et la caméra ne le quitte plus. Archiviste mais aussi témoin des changements de l’époque, il réalise un premier documentaire sur l’avènement de la démocratisation des studios d’enregistrement de musique, Home Studio – The Musical Revolution. Ce moment où les musiciens deviennent autonomes pour enregistrer professionnellement dans leur chambre, dans leur cave. Un virage important dans l’industrie musicale et la fabrication de la musique, réservée jusque-là à des privilégiés.

Jérôme enchaine les images et raconte l’art urbain. Et en 2013, après un coup de fil de l’ami KATRE, pour une histoire de fresque, d’altitude et de collage, il a trouvé un nouveau sujet qui deviendra un documentaire haut en couleur, haut en hauteur : SKY’S THE LIMIT. En voici les coulisses.

https://skyisthelimit.fr
Jérôme est sur Instagram

 j'appelle  ça  graffiti  XXL  dans  un  premier  temps... 

Elle commence comment cette aventure Sky’s The Limit ?

En 2013, je suis au bon endroit au bon moment. Ce docu est tout compte fait la continuité de ce trip d’ado de filmer mon quotidien qui se professionnalise. À cette époque, j’ai déjà fait des documentaires, notamment un sur les home studios de musiciens.

Ça fait des années que je cherche à faire un docu sur le graffiti, mais je ne trouve pas d’axe original. Donc je commence à faire un truc de barré, dans le désespoir : je sors photographier tout ce qui se fait en graffiti, et je classe par style : rue, camion terrain vague, autoroute, et les rares métros. Ça n’a ni queue ni tête, je suis dans l’errance, je n’ai pas de sujet, et je continue à collectionner, à archiver, pour le plaisir de la photo et de voir du graff.

Et dans le courant de l’année, KATRE est en train de bosser sur le projet de La Tour 13, dans le XIIIè à Paris, il doit poser un collage géant sur huit étages, et il n’a pas d’assistant. Il me demande de monter avec lui dans la nacelle, j’ai pas vraiment envie, j’ai peur, mais quand je suis là-haut, je kiffe ! C’est un super moment, on fait ça plusieurs jours, je le filme, sans savoir que ce sont les premières images d’une aventure qui va durer près de 10 ans. C’est, selon moi, le début du néo-muralisme.

J’appelle ça graffiti XXL dans un premier temps, c’était le terme qui était donné sur les quelques publications qui existaient. Et quand je fais des recherches, je découvre le muralisme américain, un mouvement entre 1969 et 1979, qui a été documenté dans un livre par un Français qui s’appelle Hervé Armand Bechy, qui est dans le docu. C’est en vacances chez des amis que je pioche un livre dans la bibliothèque : Le mouvement muraliste aux États-Unis, et je plonge dedans. Là, je me dis que je viens de découvrir un truc que personne ne connaît.

Ensuite, je remonte au muralisme mexicain, mais l’américain colle plus au nôtre en termes d’univers urbain et d’architecture. Dans le docu, c’est MARKO 93 qui introduit cet héritage mexicain en présentant Diego Rivera et José Orozco. Et là, j’ai le début de mon documentaire, le plus important, l’historique. Tu as deux gros jalons qui sont les fondations et qui donnent du crédit et de la valeur à ce que je filme. Il y a déjà une histoire, un passé, ça ne naît pas de nulle part.

 c'est  un  plaisir  d'avoir  un  aussi  beau  sujet  sur  un  aussi  grand  écran 

le copain KATRE

KATRE, c’est le copain du quartier et du lycée, ensuite ça place des tags partout, ça commence à peindre et c’est une aventure de 30 ans qui débute. Compagnons de route, les chemins de Jérôme et Antonin / KATRE ne cessent de se croiser. Doigts plein de peinture dans une nacelle à 20 mètres au-dessus de la mer, toiles en atelier ou fresques en collaboration, ils ont encore plusieurs épisodes à écrire…

KATRE & Antonin sont sur Instagram

Au-delà des images qui sont époustouflantes, quel est le message que tu souhaites transmettre ?

Ce docu c’est une façon de dire « ne nous réduisez pas au graffiti ». L’essentiel des artistes qui peignent des grands muraux à cette époque, ce sont des graffeurs. Je ne voulais pas qu’on les réduise à des graffeurs, et je les ramène dans le sillage de mecs comme William Walker ou Orozco, en disant ce sont des peintres. Ils sont sortis de leur carapace de graffeur, ils muent et ils rentrent dans le domaine de l’art public. Et là, je sais que je sors de l’aventure communautaire et je touche le grand public.

C’est ce qui s’est avéré dans les séances publiques en France. Il y avait la mamie, le tonton, le jeune cadre, l’élu de la mairie, et le graffeur était l’anomalie… Je rentre au cinéma, c’est quand même un truc surréaliste pour un film indépendant ! C’est valorisant pour ce que tu fais et c’est un plaisir d’avoir un aussi beau sujet sur un aussi grand écran, même si les erreurs de son et de montage sont aussi en énormes !

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