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Jérôme Thomas, esprit hip-hop, DiY & street art

27.04.2024
 On  est    avec  l'évolution  de  la  culture,  tout  était  neuf... 

passé & passif hip-hop

Jérôme Thomas est hip-hop. Il a grandi avec cette culture et la revendique depuis le premier jour où il a croisé son chemin. Elle déferle dans les années 80, ils sont nombreux à être happés et à s’en emparer. Il fait partie de ceux-là : le tag, le rap, la danse, la musique ; un bout de carton, une feuille, un stylo, tout est bon pour s’exprimer. Le hip-hop, ce sont des aventures, et surtout des amis, les mêmes avec qui il partage aujourd’hui un atelier : KATRE et SETH.

Au fil des années, Jérôme se consacre à la musique, la vidéo, le documentaire, et aujourd’hui ce sont la peinture et le dessin qu’il s’applique à travailler au quotidien. Artiste plus que street artiste, il s’emploie à faire évoluer ses images en collaborant avec d’autres, multipliant les supports, les outils et les techniques. Le tout avec cet esprit hip-hop originel : passion, motivation, ambition, démerde, échec et volonté de faire, de laisser sa trace.

Personnage animé et habité, la quarantaine épanouie, il nous a reçus dans son atelier de Ivry-sur-Seine en banlieue parisienne où nous avons pu échanger à bâtons rompus sur les bienfaits de la création et son intensité irradiante, son documentaire Sky’s The Limit, les peintres de l’extrême, le prochain qui retrace l’histoire de son crew STS, le rap de Rocca, le dessin et tous ces petits événements qui font office de déclics et qui vous emmènent dans de nouvelles directions aux perspectives excitantes.


Jérôme est sur Instagram
https://jeromethomas.me

Après toutes ces aventures, tu deviens peintre. Pour quelles raisons ?

À cause de tout ce qu’on a dit avant ! (Sourire.) L’aventure de la peinture a quatre ans. C’est tout ce que j’ai mangé, documenté et qui est passé sous mon regard qui m’a conditionné, sachant que je le dis rarement mais j’ai toujours dessiné. Antonin [KATRE] dessinait aussi beaucoup quand on était plus jeunes.

L’éruption volcanique est née d’un truc débile où je vais chercher un frigo chez ALËXONE, dont l’atelier est dans le quartier pour KATRE qui n’était pas là. Dans la foulée, je récupère des toiles pour TWOPY. Une petite mission, en plein été. Je rends service. J’entrepose les toiles, et le lendemain je me mets sur un chevalet dans l’atelier d’Antonin, j’ai son matériel sous la main et je mets les doigts dans un nouveau vortex ; j’éclate les 60 toiles en deux mois. TWOPY ne les a jamais vues et on en rigole aujourd’hui !

Je crée ma première expo ici, dans cet atelier. J’ai vite compris que si tu dois en vivre, il faut s’y atteler. C’est une chance fantastique d’avoir un atelier et il faut en profiter, il faut tirer les gens d’Instagram pour les attirer ici. Sans ce lieu, je n’aurais pas pu faire cette mue, il faut de la place, il faut du matériel, et un peu de chance : c’est moi qui suis là au moment où il faut aller chercher le frigo.

Travailler le concret ça m’a apporté beaucoup de joie, peindre avec les mains. Comme souvent, cette nouvelle activité a pris toute la place. Pour progresser, je me mets à peindre dehors, sous les yeux des passant et j’ai explosé le quartier qui était triste. Je n’avais pas cinq ans devant moi pour être au point, donc je bosse beaucoup, et ça passe ou ça casse. Et ça a plu au quartier.

Ton travail est très fourni avec des symboles et des signes qui forment des ensembles denses. Loin d’un KATRE par exemple…

C’est un peu l’expression de ma personnalité, le côté all-over. Tout remplir à tout prix, sinon tu te sens vide. Si je le rapproche du tag, c’est comme la punition, qui était le truc le plus impressionnant. Tu te le prenais dans la gueule, un tag répété 500 fois sur un métro tu t’en rappelais ! Tu te disais c’est un ouf ! (Sourires.)

Au début, je suis parti dans toutes les directions plastiques et j’ai fait beaucoup de dessins figuratifs qui étaient le prolongement de ce que j’ai pu faire enfant ou ado. Et les signes sont arrivés au bout d’un an. Je peignais un support, un dibond par exemple, et je gravais des signes pour révéler la surface en dessous. Ça ressemblait un peu à des runes, et Antonin a réussi à voir des choses intéressantes là-dedans, il y avait un côté tag primitif.

Ce sont mes lettres qui ont été déconstruites, celles de mon tag qui sont devenues des signes abstraits qui ensuite ont été reprogrammées, mélangées avec de la calligraphie arabe, chinoise, japonaise et toutes mes sommes d’influences. C’est une écriture alpha-numérico-figurative. Je vais piocher un peu dans toutes les cultures et c’est ça qui est un peu fantastique car les gens voient ce qu’ils ont envie de voir.

Dans le quartier, il y a une immigration kabyle importante, j’ai lié des liens et on m’a fait remarquer qu’il y avait des lettres berbères dans mes fresques. Et quand on me montre l’alphabet tifinagh, j’hallucine et je me rends compte que j’ai été piocher dedans par des process inconscients. On retrouve le symbole kabyle sur la porte d’entrée de notre lieu, cette peinture existe aussi au bled, le yaz [lettre de l’alphabet tifinagh, devenu le symbole culturel et politique berbère – ndr] avec le contour vert et bleu.

STS, KATRE & les autres

Jérôme a commencé par le graffiti, plutôt tendance vandale, et le compagnon de route, c’est KATRE. Au fil des ans, ils partagent moments et projets, fondent le crew de graffeurs STS et parsèment Paris et le reste du monde de leurs signatures.

Quand Jérôme devient réalisateur, il recroisera KATRE avec qui il initiera le documentaire Sky’s the limit sur le néo-muralisme d’envergure. Il a aussi sous le coude des dizaines d’heures d’images en action, qui sera potentiellement

POSCA PC-1MR, idéal pour les détails et la minutie

Jérôme aime collaborer avec des photographes, et quand il a un coup de cœur pour une photo, il récupère un grand tirage et s’affaire à remplir les surfaces vides avec des graffitis, tags, dessins et autres slogans que l’on retrouve sur les murs de nos villes. Travail précieux avec lunettes binoculaires, pour ne pas s’abîmer les yeux, il utilise de nombreux outils pour des rendus différents. L’un d’eux est tout simplement le POSCA PC-1MR, dont la pointe fine permet d’entrer dans les détails.

LE PC-1MR

C’est la pointe la plus petite de la gamme POSCA – 0.7 mm –, et la plus méconnue. Avec ce marqueur, on entre dans les détails, les traits s’affinent et la prise en main est agréable car il a une taille standard de stylo. On le retrouve dans plus de 20 couleurs, dont le vert d’eau qui est l’une des plus récentes.

 

 

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Quand tu commences à dessiner dans la rue, ça se passe comment ?

J’ai commencé à faire les premières sessions avec KATRE en terrain vierge. C’était génial car ça fait 30 ans qu’il fait ça, et moi c’était ma première fois. Et au bout de trois ans il m’a proposé de collaborer. Mon travail pouvait se fondre avec le sien. Il a fallu que je devienne crédible. Il y a un truc mignon, une sorte de promotion et de reconnaissance d’un ami et artiste reconnu.

Quand je me mets à la peinture, il y a quelque chose qui vibre en moi à une fréquence tellement haute que je suis possédé, et rien ne peut m’arrêter. Mes amis et proches me connaissent, ils savent que je vais aller au bout. Et aujourd’hui, quand je vois comment ça résonne au niveau de ma famille, de mon père, de mes amis, la peinture me re-lie avec eux. La peinture a une fonction magique, c’est un outil quasi religieux dans le sens de ‘relier aux autres’.

Aujourd’hui c’est la peinture qui me nourrit et qui paie mon loyer. C’est fantastique et ça a été relativement vite. C’est un cadeau que je me suis fait, c’est un cadeau que me font les gens qui me soutiennent. Quand je vais accrocher un tableau chez quelqu’un, c’est toujours un peu surréaliste pour un ancien tagueur, c’est à la fois étrange et flatteur.

Tu dessines aussi sur des photos, il y a cette série qui s’appelle Blaze Runner, des paysages urbains où tu ajoutes des milliers de détails, des tags, des grafs, des messages…

J’ai commencé avec une photo que j’ai achetée à un copain photographe. J’ai peint dessus et je suis entré dans un nouveau niveau de détails de précision. Sur un 90×60, je faisais des traits d’un millimètre, tu peux y passer un an, et tu te demandes s’il y aura une fin. J’utilise des POSCA PC-1MR et des micro-pointes. Et j’utilisais des lunettes loupe mais j’ai eu des maux de tête, j’étais en train de me tuer les yeux. Et là, un joaillier qui est dans l’atelier me prête des lunettes binoculaires, ça a changé ma vie.

J’ai aussi eu une hernie cervico-brachiale, mes positions de travail n’étaient pas bonnes. Quand tu passes des heures dans une mauvaise position, tu as le poids de la tête qui tire d’un côté et qui coince le reste. Maintenant je travaille sur un bureau incliné et c’est la deuxième révolution. C’est ce que j’aime dans la peinture, c’est qu’à un moment tu es physiquement bloqué. Il y a cette barrière ligamentaire et musculaire qui te stoppe. Ça s’appelle aussi la maladie du peintre. Ça me permet de rythmer mon travail, sans risquer de tirer sur la corde.

Pour conclure, j’en reviens à la culture hip-hop : il faut réussir à chevaucher ses disciplines et si possible aller chercher le meilleure en elles. Comme une sorte d’automédication, mais il faut faire gaffe à la posologie !

 

[Ci-dessous, en compagnie de Jérôme, à droite, vous aurez reconnu Sidney,
LE présentateur mythique de l’émission H.I.P.H.O.P. sur TF1 en 1984.
Peace les frères et les soeurs!]
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