WEIRDO BANANA ?
Derrière ce pseudo ironique, se cache Marty, graphiste professionnelle et créative pluridisciplinaire, qui aime explorer la couleur, les collages et les assemblages d’idées pour construire ses images toniques et les objets customisés. Avec comme outils des pinceaux, une tablette et des POSCA, elle a trouvé son style : un graphisme pop, acidulé et très affirmé et s’affirmant clairement contre la grisaille en général car c’est plutôt la vitalité et du positif qui transpirent du travail de Marty.
L’OBJET CUSTO ; SON ASPECT TRIDIMENSIONNEL, SON HISTOIRE.
Grande adepte de la custo d’objets, Marty apprécie travailler les textures, la matière, et en modifier l’aspect avec son style coloré. Un moment de création apaisant, connecté au présent et qui donne de la valeur à l’instant. Les objets choisis sont plutôt basiques, skate, Uklélé ou tabouret, minutieusement pimpés avec des couleurs et des teintes éclatantes réhaussées de typos arrondies ou de smileys hilares (ou contrariés).
MARTY, SANS FILTRE.
Les activités manuelles et créatives permettent souvent à de nombreuses personnes de retrouver un équilibre en réparant par la pratique certaines vulnérabilités. Derrière les images toniques de Weirdo Banane, il y a Marty qui doit composer parfois avec des moments pas vraiment confortables voire invalidants. Pour ces raisons là, Marty à choisi de partager ici cette expérience, et poser ses mots sur sa situation, ce qui aidera surement ceux ou celles cherchent ainsi à trouver un équilbre dans leur vie quotidienne par le biais artistique.
Comment avez-vous découvert que le travail manuel permettait de canaliser le stress et les émotions ?
C’est à travers mon trouble anxieux, qui s’accompagne de nombreuses crises de panique, que j’ai découvert les bienfaits du travail manuel. Il m’aide à atténuer mes symptômes en me recentrant sur mes gestes. La texture du support, l’odeur de la peinture… tous ces éléments sollicitent mes sens et me ramènent à l’instant présent. C’est tout l’inverse du travail sur écran que je pratique en tant que graphiste, où je me sens souvent déconnectée.
Durant la période où mon anxiété était à son apogée, j’ai fait beaucoup de customisation d’objets, au Posca et à la bombe. Mes symptômes avaient transformé mon quotidien en enfer. C’était presque irréel. Sans vraiment m’en rendre compte, j’ai commencé à travailler sur un nouveau support : l’objet. Son aspect tridimensionnel, son histoire, incarnaient ce besoin urgent de me reconnecter au réel, alors que mes troubles m’en éloignaient complètement.
Est ce que l’anxiété est plutôt perçue comme une source d’inspiration ou une entrave à a créativité ?
Je dirais que c’est un peu des deux. Parfois, l’anxiété me pousse à créer, car cela me permet d’évacuer, de poser mes émotions en images, souvent de manière très spontanée. D’autres fois, c’est l’effet inverse : un brouillard mental m’envahit, je me sens figée dans mon corps et dans mes pensées, incapable de produire quoi que ce soit, même si l’envie et les idées sont bien là.
Fun fact (ou pas) : je suis actuellement en pleine rechute. Mes émotions sont à vif, mes symptômes en ébullition. Il m’a fallu trois jours pour réussir à répondre à cette interview, alors que j’étais super enthousiaste à l’idée de la faire. Mais mon cerveau, trop occupé à me torturer, m’a complètement bloquée.
Alors que les écrans saturent nos emplois du temps et nous saturent d’offres de divertissements, quelle est la valeur ajoutée du travail manuel ?
Sa vraie valeur, c’est qu’il permet de faire une pause dans toute cette frénésie numérique. Revenir à quelque chose de plus tangible, de plus sensoriel. Le travail manuel stimule tous les sens, et ça, c’est profondément apaisant. Il offre aussi la possibilité de varier les supports et les outils, d’expérimenter, de tester plein de choses… et donc d’éveiller sa curiosité.
En découvrant votre univers graphique pop, fun et coloré, on ne vous imagine pas confrontée à des troubles anxieux, bien au contraire. Comment expliquer ce paradoxe ?
Mon univers graphique, c’est moi. C’est l’authentique Marty, sans le filtre de l’anxiété. Ce trouble ne me définit pas, et ça, je le répéterai toujours. J’aime rire et faire rire. J’aime danser, me teindre les sourcils en rose, me tatouer sur un coup de tête. J’aime l’extravagance, parce que l’ordinaire m’ennuie profondément. C’est ça, mon ADN. Malheureusement, l’anxiété vient parfois le brouiller.
Encore un petit fun fact : on me demande souvent pourquoi je dessine autant de smileys. Jusqu’à récemment, je n’avais jamais vraiment réfléchi à cette question. Et puis, quelqu’un me l’a posée à nouveau. En y pensant, j’ai réalisé que j’ai commencé à en dessiner dès le moment où on m’a diagnostiqué un trouble anxieux généralisé. Cette personne m’a alors dit : « Le bonheur, c’est peut-être quelque chose vers lequel tu tends, que tu cherches à retrouver. » Et c’était absolument juste.