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Leona Rose, action, réaction, création

23.04.2024
 Après  une  bonne  remise  en  question  j'ai  tout  plaqué... 

de Claire à Leona

Ça n’a pas été un long fleuve tranquille pour Claire de devenir artiste à temps plein. Remise en question, lâcher prise, puis un grand saut dans l’inconnu. Elle est devenue illustratrice, à plein temps. Elle a fait le bon choix, le vit et le partage avec sourire, détermination et bonheur. Elle en parle, franchement, simplement. Un exemple à suivre, pour vivre la vie qu’on aurait dû avoir, celle que l’on pourrait vivre.

Leona est sur Instagram et sur Facebook

Tu as eu une vie active que l’on qualifiera de classique avant de devenir artiste à temps plein, tu peux revenir sur cette transition ?

J’ai fait une école de commerce dans le Sud de la France, et je suis montée à Paris pour travailler dans l’immobilier. J’avais comme projet de monter mon agence et d’avoir une vie commerciale et rationnelle. Pour moi, c’était le chemin de vie classique. On m’avait dit qu’artiste ça n’était pas un métier et j’ai fini par le croire.

Au bout d’un moment j’ai commencé à m’intéresser à d’autres choses, aller aux expos, à faire du yoga, des stages d’improvisation au Cours Florent pour tout ce qui est lâcher prise, qui va libérer ce qui est créatif. J’ai pris des cours du soir au beaux-arts, dans des amphis avec des gens nus que l’on dessine (sourire). Ça me permettait en parallèle de mon travail rationnel de me découvrir.

L’immobilier ça me pesait, et je me disais que de gagner de l’argent tous les mois ça n’était pas une fin en soi. Et avec cinq semaines par an de congés pour découvrir le monde, c’est pas gagné. Je commençais à me sentir hyper frustrée.

Un jour, une amie enceinte m’a demandé de réaliser des illustrations pour la chambre de la petite, et c’est là que j’ai repris vraiment le dessin. Il y a aussi eu, malheureusement, les attentats du 13 novembre. Je me suis dit : « Punaise, ça peut arriver à n’importe qui si tu es au mauvais endroit au mauvais moment. Réveille-toi, la vie est courte et fais ce que tu aimes. Il est temps de se bouger, prends ton courage à deux mains et lance-toi. »

 

 Je  suis  constamment  entourée  de  couleurs... 

Tu parles de travail rationnel quand tu parles de ton ancienne vie, tu fais un travail irrationnel aujourd’hui ?

Un peu plus perché, clairement (sourire). Disons que l’argent c’est un moyen d’arriver à mes fins, c’est à dire de pouvoir voyager, faire des workshops avec des gosses à travers le monde. En aucun cas c’est mon but quand je me lève le matin.

Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est quand je vais faire une fresque quelque part : ça va durer une semaine, je discute avec les gens sur place, c’est l’aspect humain, l’échange, qui prime. Et c’est aussi travailler dans leur espace de vie.

Tu travailles dans des hôpitaux et avec des associations humanitaires, comment on gère ses émotions dans de pareils cas ?

Je suis constamment entourée de couleurs, je suis super heureuse de faire ce que je fais, je me suis libérée de tout ce qui me pesait. Beaucoup de gens n’ont pas la chance de faire ce qu’ils ont envie, soit ils n’ont pas le courage ou des contraintes qui les empêchent de vivre leurs rêves, et de tout plaquer.

Je me suis dit « Si je fais ce projet-là, je le fais à fond. » Du coup, le fait que je sois épanouie et heureuse, j’ai assez d’énergie pour aller là-bas et donner le maximum, pour apporter aux enfants un peu de joie dont ils peuvent parfois manquer.

Ils sont dans des situations difficiles et tu y vas pour leur apporter de la couleur, donc je me focalise là-dessus. Rien que de les voir sourire et de leur changer les idées ne serait-ce que cinq minutes et c’est gagné. Ou voir un gosse passer en brancard quand je dessine dans un hôpital et qu’il voit la fresque, ça l’interpelle, il est tellement surpris que ça lui fait oublier la salle d’opération l’espace de 20 secondes. Rien que ça, ça me fait kiffer en fait.

 

Tu parles souvent de lâcher prise…

Au début, je me posais beaucoup de questions, j’appréhendais l’utilisation des couleurs. Avec le lâcher prise tu débloques des cases dans ta tête, ça te permet d’aller plus loin, tu oses. Quand tu créés tu es beaucoup dans l’angoisse, c’est une page blanche et tu ne sais pas toujours où tu vas aller. Le lâcher prise c’est une démarche de construction, tu kiffes, tu es dans le positif.

Comment ton dessin évolue ?

Au début je faisais des têtes d’animaux à plumes, comme il y en a là [elle montre les cadres derrière elle – ndlr]. J’ai beaucoup bossé avec Posca car la gamme de couleur est bien faite et pas énorme, ce qui permet de s’approprier des couleurs, sans risquer de mélanger celles qui ne vont pas ensemble.

J’ai commencé à bosser avec une gamme restreinte : les jaunes, les verts, les roses, un peu de orange. Les couleurs ethniques de base, que je me suis appropriées petit à petit. Ensuite j’ai commencé à travailler avec les bleus et les rouges, c’est assez récent. C’est une couleur que je n’utilisais pas du tout, j’avais peur de ne pas maîtriser. Puis j’ai intégré petit à petit ces couleurs à mes dessins.

Ces portraits d’animaux j’ai commencé à les mettre en scène, dans des décors, à ajouter des éléments de végétation, des couleurs. Ça c’est fait petit à petit, un peu comme une recette, si tu mets tout d’un coup ça foire. Mon style est assez naïf, enfantin et joyeux, le fait d’utiliser des animaux ça parle à tout le monde et ça nous fait déconnecter de la vie réelle.

 J'ai  appris  toute  seule  à  utiliser  les  bombes,  au  début  c'était  une  catastrophe... 

Avec cette expo tu revisites l’histoire de l’art ?

J’ai voulu revisiter l’histoire de l’art de manière décalée, un peu provocatrice, pour susciter le rire et différentes réactions. Détourner là où on ne l’attend pas, et que les gens se disent « Ah ! c’est Marylin Monroe, non, c’est un chameau déguisé en Marylin. » La Cène de Léonard de Vinci, j’ai appelé ça Dîner entre potes, pour désacraliser le tableau hyper connu, auquel on n’ose pas toucher car c’est un classique. J’ai mis les deux pieds dedans, et on verra les réactions que ça suscite.

Et il y a toujours l’aspect graphique qui est un mix entre l’utilisation de différentes techniques, du Posca ou de l’aquarelle, l’aspect esthétique et artistique liés aux classiques et l’histoire de l’art.

Être une femme dans un milieu d’homme, c’est facile ?

Depuis quelques temps je travaille à la bombe, et c’est vrai que c’est un milieu super masculin. Mais je me dis qu’en tant que nana, faire sa place là-dedans, c’est cool aussi.

Je ne fais pas vraiment du street art, pas de vandale dans la rue, car me faire courser par les flics si je fais une fresque c’est vraiment le truc qui m’angoisserait ! (Sourire.) En plus, je serais frustrée de ne pas l’avoir finie ! J’ai appris toute seule à utiliser les bombes, au début c’était une catastrophe, ça coulait partout ! Petit à petit quand les gens voient que tu te débrouilles, ils te font confiance, du coup tu échanges et ça avance.

Tu disais que tu partais au Cambodge dans un orphelinat, seule, ça n’est pas pesant parfois la solitude quand on est artiste ?

Non, parce que je suis entourée, j’ai des amis, et quand je fais des fresques, il y a toujours des gens autour avec qui discuter et partager. Et je fais toujours des supers rencontres. Là, je pars avec une ONG dans cet orphelinat au Cambodge, il y a 650 enfants, donc je ne serai pas seule !

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