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OREL, l’art du toy made in Marseille

15.06.2025
 TOYS,  3D,  SANTONS  &  PASSION... 

icônes urbaines en trois dimensions

On a croisé Orel à l’occasion de son exposition URBAN ICONS à Lab Galerie à Paris, près de la place de la Nation. Il y a aussi animé des ateliers POSCA de customisation d’un toy réalisé pour l’occasion. Et un matin, on a pris le temps devant un café pour qu’il nous en dise plus sur son parcours artistique.

https://www.instagram.com/orel.toys

le début

OREL commence par le graffiti, sur les tables du collège et sur les murs, « comme tout le monde » dit-il en souriant. Ensuite ce sont les Beaux Arts de Marseille, puis une école de communication, un travail dans la comm, mais après deux ans, et une quête de sens, il part enseigner dans les quartiers nord de la ville et s’attelle à faire « raccrocher » les élèves en décrochage. Ce sont cinq années de partage : du dessin, du graffiti, et de la cuisine « car il faut travailler en équipe. »

Ensuite, il y a une envie de Canada mais trop d’administratif a raison de ses motivations, donc retour à la création tangible avec le graffiti. Rencontre avec sa moitié, elle lui offre une figurine Funko à customiser et c’est une épiphanie : « Je réalise un autoportrait de nous deux, je poste sur Instagram, ça plaît aux gens et de là on me fait une commande. »

 je  suis  un  peu  maniaque  de  la  symétrie ! 

« Pendant le Covid, j’en réalise plusieurs, mais je me sens vite limité par la sculpture à la main, notamment pour faire des exemplaires identiques. J’aime que tout soit parfait, je suis un peu maniaque de la symétrie ! Donc je suis passé à la sculpture 3D et l’impression 3D. Je me suis formé avec des nuits blanches de tutos Youtube !

Ensuite, j’ai rencontré mes deux – futurs – associés, DJ Noise et Calvin, et on a monté la structure Urban Toys. Et comme on aime le rap, on propose des figurines de rappeurs et rappeuses, entre autres. On gère des accords avec eux et je suis libre sur le design. »

[ci-dessous ce sont Cälbo & Lino du groupe de rap Ärsenik tschh-tschh]

les figurines

« On peut les diviser en trois catégories : Les action figures, classiques, très réalistes, 9,5 centimètres de haut et sous une bulle dans un packaging rectangulaire. C’est traditionnel et historique, comme les figurines Star Wars par exemple [ou les rappeurs Ärsenik ci-dessus]. À l’opposé, il y a les art toys, qui sont très stylisés, avec des proportions extrêmement exagérées. Et entre les deux, il y a celles que j’appelle les stylisées, mais peu de gens en font.

Je suis venu aux toys par Kidrobot, qui est une marque américaine. C’est une référence et ils ont cette culture custom qui me parle. Leur figurine standard et classique c’est Munny, avec un design très simple et facile à customiser. »

 J'aime  bien  faire  le  parallèle  avec  les  santons... 

« Je pense que c’est essentiel de maîtriser l’histoire de la discipline que tu pratiques. Si tu veux être bon, il faut regarder les maîtres et ce qu’ils ont fait. Je me suis pas mal documenté sur tout ça et c’est sur la culture américaine que j’ai le plus accrochée. En ce moment je découvre ce qui se fait au Japon et en Corée, c’est fascinant.

J’aime bien faire le parallèle avec les santons [ci-dessous] que l’on retrouve dans le Sud de la France. C’est artisanal, sculpté en argile et peint à la main. Quand j’étais petit on peignait des santons à Noël, c’est une tradition, pas spécialement liée à la religion d’ailleurs. À Marseille, il y a une industrie du santon, qui a ses codes et qui se modernise avec des figures populaires, jai vu un JUL récemment ! On n’est pas si loin avec les toys : une figurine de base que l’on s’approprie… »

fabriqué en France

« Mon travail est artistique et entrepreneurial. On a tendance à séparer le monde l’art et du business, et c’est dommage car c’est notre métier et on doit en vivre. Quand je me suis lancé, j’ai discuté avec Frank Montano, un artiste américain très reconnu dans le monde des toys. Ça m’a beaucoup aidé à me dire : “Ok, tu es artiste, c’est ton activité, et il faut gagner sa vie.”

Aujourd’hui, pour réaliser une figurine, je ne fais plus de croquis à la main, je passe directement à la 3D sur ordinateur. Avec la pratique, je visualise directement la figurine dans ma tête. Pour les modèles réalistes, comme les action figures, quand j’ai créé mon modèle, je le découpe en petites parties qui vont s’assembler les unes aux autres. C’est plus simple de les peindre séparément.

Ensuite je les imprime en 3D, ce qui devient un prototype. En sortie d’imprimante la résine est un peu cassante, sauf pour les modèles au-dessus d’une dizaine de centimètres comme la figurine fabriquée pour les ateliers POSCA. »

« Le prototype est un master et avec du silicone je fais un moule pour chaque pièce. Ensuite, je coule dedans de la résine polyuréthane pour en fabriquer autant de pièces que je veux. J’ai seulement un peu de ponçage pour le rendre lisse, et là, j’ai un toy de qualité très résistant. Je vais le peindre à l’aérographe, au pinceau, avec des pochoirs et plein de techniques différentes.

Pour les figurines qui sont totalement imprimées en 3D, le traitement est un peu différent. En sortie d’imprimante, les pièces sont très toxiques, donc je les passe dans des bains d’alcool et une machine à UV, ce qui va permettre, en gros, de polymériser la résine qui est en surface, qui devient alors très solide.

Pour la figurine POSCA, je ne suis pas passé par un moule, sinon la figurine aurait été pleine et elle aurait pesé environ un kilo. Elle est en impression 3D, c’est une grosse coque vide, légère et facile à manipuler. »

 quand  ils  me  disent  qu'ils  veulent  faire  leurs  figurines,  j'ai  gagné ! 

Je fais tout dans mon atelier, j’ai toute la chaîne de fabrication, même les emballages et les bulles en plastique avec une thermoformeuse ! La seule machine que je n’ai pas c’est une imprimante professionnelle. C’est gros et très cher, donc je bosse avec un imprimeur. Par contre, je découpe le carton et je contrecolle les images imprimées, je réalise tout le façonnage.

Je suis content de faire tout moi-même, et si un jour je dois faire des gros volumes je devrai passer par des entreprises à l’étranger, mais ça ne me plaît pas vraiment. Ça m’importe aussi de transmettre mes compétences. J’ai souvent des stagiaires, je les forme à la 3D pour la production d’objets, et quand ils me disent qu’ils veulent faire leurs figurines, j’ai gagné ! C’est que je leur ai transmis suffisamment de passion, plus on sera nombreux, mieux c’est! »

POSCA

« Le POSCA est vraiment bien pour la custom et pour dessiner les modèles. C’est aussi très bien pour les petits détails, remplir des petites surfaces. Pour faire des points ronds comme les pupilles des yeux, c’est parfait, car c’est très compliqué de faire un point rond au pinceau.

Et quand je fais des ateliers de customisation c’est vraiment pratique car ce serait trop difficile de travailler à l’aérographe. Tiens, d’ailleurs ce matin dans le train, j’écoutais un morceau de Polo, Panne sèche, qui parle de son POSCA, et j’étais justement en train de dessiner un sticker à ce moment-là ! »

GAZO

« Je faisais un prototype du rappeur Gazo, pour moi, parce que je trouve qu’il a une figure intéressante. J’ai finalement publié une photo sur les réseaux et le directeur artistique de Gazo m’a contacté car il voulait une figurine.

Gazo venait en concert à Marseille quelques semaines plus tard, j’ai fait une figurine de 35 centimètres, que je lui ai remise. Ça c’est super bien passé. Il a tout de suis réalisé la valeur du travail, que c’était fait à la main, un peu comme si c’était un bijou, il n’osait pas y toucher ! »

MF DOOM (& VINZ)

« MF DOOM, c’est sans conteste ma plus grande source d’inspiration. En terme musical déjà, et je trouve qu’il a amené une vraie direction artistique en tant qu’artiste. Il y a le personnage, le masque, les visuels de comics, c’est l’un des premiers rappeurs qui a fait une figurine avec Kidrobot, qui est aujourd’hui introuvable. Et que je n’ai pas achetée à sa sortie !

Je trouve inspirant comment il envisageait sa musique et son merchandising, entre les t-shirts, les posters, les covers des vinyles, c’est global. C’est quelque chose que SCH fait très bien avec son personnage de Jvlivs par exemple.

 

Je trouve intéressant cette démarche de ne pas trop en dire ni trop en montrer. Ce qui m’intéresse c’est de faire travailler l’imaginaire des gens. C’est aussi pour ça que j’ai créé un personnage qui s’appelle VINZ. Je le dessine depuis toujours, c’est moi quand j’avais 15 ans. J’aime écrire son histoire, et pour l’expo à Lab galerie, j’ai recréé sa chambre.

Pour l’instant il est discret, mais j’ajoute un sticker mystère à ceux qui me commandent une figurine. J’aime l’idée que les gens se l’approprient. »

toys & co