On avait remarqué le travail de MOW lorsqu’il customisait des skateboards, qui avaient alors une deuxième vie exposés sur des murs.
Depuis le début de l’année, il a choisi un autre terrain de jeu : des tableaux de paysages désuets qui prennent la poussière chez les antiquaires.
une exposition à découvrir auPaname Art café
14, rue de la fontaine au Roi, Paris
jusqu’au 26 novembre 2025
MOW customise et redonne vie à des tableaux oubliés, pour qu’ils prennent place dans notre époque et notre culture, avec des clins d’œil appuyés à la culture manga. En jouant avec ses POSCA, l’artiste raconte une nouvelle histoire. Rendez-vous au Paname Art café pour avoir l’occasion de voir en vrai l’un de ses tableaux.
On avait présenté ton travail il y a quelques années sur le site, cette fois c’est l’occasion de nous en dire un peu plus sur tes débuts…
Quand je me suis lancé dans le milieu artistique, je voulais donner une seconde vie à un produit, le retaper et le rendre noble. J’étais en coloc’ avec des amis, à Bordeaux, ça faisait du skate et je me mets à peindre sur les vieilles planches qui traînent dans l’appartement.
J’ai choisi la planche de skate parce que… c’était un peu disruptif par rapport à ce que l’on voyait partout. Et comme j’ai grandi avec les mangas et les dessins animés, je dessine mes personnages préférés, tout simplement.
Et comment tu découvres cette culture manga ?
Ça passait à la télé quand j’étais petit et c’était nouveau, ça venait de débarquer en France. J’ai été happé directement. J’ai commencé avec Dragon Ball Z, ensuite il y a eu les Pokémon, Naruto… Et les films Disney qui m’ont aussi bercé. J’ai grandi avec les dessins animés et c’est resté.
On va dire que j’ai un enfant… caché dans mon crâne. Et cet enfant il ne veut pas s’échapper, il est toujours là, toujours présent, et ça fait que je continue à peindre encore et encore des mangas.
Récemment, tu t’es mis à dessiner sur des tableaux qui représentent des paysages très classiques. Comment tu as eu cette idée ?
Quand j’ai commencé à peindre sur des planches de skate, il y avait peu de gens qui faisaient ça. J’ai persévéré, ça marchait un peu, mais ça ne prenait pas plus que ça sur les réseaux sociaux par exemple. L’année dernière, j’ai dû partir quelques temps en Espagne et tout arrêter. Et quand je suis revenu au début de l’année, ça a été un « reset ».
À ce moment-là, il y avait pas mal de monde qui dessinait sur des planches de skate, et je commençais un peu à m’ennuyer en faisant ça, Et c’est là que j’ai pensé à mon grand-père qui peignait des paysages quand j’étais petit, d’ailleurs je me suis pris quelques fessées parce que je dessinais sur ses toiles. Donc j’ai recommencé !
Ce genre de tableaux est facile à trouver, il y en a plein chez les antiquaires et personne ne les achète. C’est vieillot, on ne va pas dire le mot ringard, mais ça plaît peu. Donc j’ai souhaité leur redonner une vie et les adapter à notre génération, et c’est là que j’ai eu l’idée d’intégrer des personnages de mangas, et d’autres références à la culture actuelle.
Le matin, je pars chiner rue Notre Dame où il y a les antiquaires à Bordeaux, il y a un petit côté chasse, jusqu’au moment où j’ai un coup de cœur. Je l’achète en sachant que ça fait des années que ce tableau est là et que personne n’en veut. On va dire que je le sors de prison pour lui offrir une place dans la société d’aujourd’hui !
« C’est le noir, simplement parce que tu peux l’utiliser partout. Tu peux peaufiner les regards, faire les ombres, les encrages, détourer. C’est le POSCA passe-partout.
J’en ai de chaque couleurs, et une vingtaine de noirs dans toutes les tailles. C’est la couleur qui permet de donner vie au dessin. »
J’imagine que tu trouves ces tableaux à des petits prix ?
Je peux mettre plusieurs centaines d’euros si j’aime beaucoup le tableau. C’est la passion qui parle, si je sais que je pourrais en faire une belle toile, je ne me limite pas !
Tu es très présent sur Instagram, tu mets en scène ton travail, tu as reçu des critiques de la part de gens ?
Il y a la team « c’est magnifique » et celle « tu es irrespectueux » qui m’envoient des insultes en disant « c’est une honte de dessiner sur les tableaux de quelqu’un d’autre ». Pas des menaces de mort, mais presque. Il y a des gens qui sont vraiment fous !
Quand ça a commencé à décoller, ça me touchait. Maintenant, ça me fait rire. Je me dis « Le mec doit vraiment s’ennuyer dans sa vie pour m’envoyer des pavés de 15 pages pour m’insulter ! »
Sur Instagram, j’ai vu que tu étais connecté avec Bruno Granel, on vient de faire un sujet sur son travail !
Oui, j’ai vu ! Je l’ai connu quand j’étais plus jeune et que je travaillais à la FNAC pour me faire des sous. Parfois j’étais en caisse et je distribuais discrétos mes cartes de visite avec l’adresse de mon site à ceux qui achetaient des mangas.
Un jour, j’en ai donné une à Bruno, on a parlé trois heures et on a sympathisé. On ne se voit pas souvent mais on échange beaucoup par message. J’aime beaucoup ce qu’il fait, je pense que ça peut aller loin son travail.