PMH, Pierre-Marie Huet dans le civil, est allé quelques jours à Bagdad, capitale de l’Irak, pour animer des ateliers doodles avec des étudiants et des enfants du pays. Il nous a donné quelques détails sur cet aller-retour rapide, et déroutant.
C’est au téléphone que PMH souhaite nous raconter cette aventure, il fallait plus de détails que quelques lignes dans un email :
« Quand il y a eu mon exposition Doodle Mania à La Baule fin 2022, un attaché culturel qui travaillait au Proche-Orient a aimé l’idée des ateliers pour le public, le fait de rendre l’art accessible à tous. On a parlé d’un éventuel projet et il m’a contacté deux ans plus tard pour me faire venir à Bagdad, au sein de l’Institut Français où il travaille. »
PMH a l’habitude des ateliers et du collectif. Il a été plusieurs années prof d’histoire, le partage est pour lui une seconde nature. Par contre, il n’était pas familier avec l’Irak, petit pays inséré entre la Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Turquie, dévasté depuis des décennies par des guerres et dont la stabilité est précaire. Pierre-Marie confirme :
« Je suis parti pour trois jours en juillet, il faisait 47° à mon arrivée et je me suis déplacé dans un camion blindé sous protection. Pas de visite ou de promenade dans la rue, il y a beaucoup de précautions qui sont prises car la situation n’est pas évidente dans le pays.
Par contre, on m’a dit que le gilet pare-balle n’était plus obligatoire depuis quelques mois pour les visiteurs (sourire). Le plus étonnant, c’est que l’on s’habitue rapidement à cette situation. »
Après ce descriptif quelque peu troublant, l’optimisme de PMH reprend le dessus :
« Les ateliers se sont rapidement mis en place, il y a eu deux groupes : des enfants et des étudiants des Beaux-Arts, Irakiens, qui ont l’habitude de fréquenter la médiathèque de l’Institut Français. Une cinquantaine de participants en tout.
C’était un nouveau décor pour moi et on devait utiliser le langage de l’art pour communiquer. Ma première impression : la bonne humeur. Il y avait beaucoup de douceur et des sourires, et dès que l’on a commencé à dessiner j’ai remarqué une soif de bien faire et de s’appliquer. »
Il continue :
« Les jeunes ont quasiment tous choisi les planches de skate que j’avais amenées comme support pour dessiner, plutôt que la toile. Ils ne connaissait pas le doodle, ils ont été un peu déstabilisés par la pratique et le résultat. Ils dessinent plutôt des images figuratives, des portraits.
Pendant les pauses clopes, j’ai discuté avec les étudiants, en anglais, certains m’ont dit “Mister Pi, on est très perturbé par le doodle, on est un peu perdus, c’est difficile, il faut se laisser aller…”
Les ateliers se sont transformés en exposition au sein de la médiathèque où les skateboards doodlés ont été accrochés deux semaines, avant de trouver leur place dans le foyer de ceux qui les avaient dessinés. Il y a même eu un vernissage avec 160 personnes qui a officialisé cet échange ! »