On est allés à la rencontre de Arthur Bessaud, jeune galeriste parisien qui trace un chemin discret parsemé d’art, de bon goût et de passion. Il nous en dit un peu plus sur son parcours inspiré, et inspirant, et comment il propose et montre des œuvres d’art en 2025.
L’artiste néerlandais Pieter Ceizer est à l’honneur jusqu’au 20 décembre pour une exposition de dessins, KEEP going. De simples traits pour des illustrations, des mots et des messages qui décrivent le monde, son monde, qu’il partage sur papier.
GALERIE BESSAUD
24 bis rue de Charenton – 75012 Paris
métro: Bastille
jeudi à vendredi – 14h à 19h / samedi (14h à 18h)
https://galeriebessaud.com
https://www.instagram.com/galeriebessaud

« Je ne viens pas du milieu de l’art. J’ai plutôt un profil de personne ayant fait une école de commerce, et j’ai travaillé dans le marketing et la communication. Arrivé à un moment, je me suis fait la réflexion : “Est-ce qu’il n’y a pas un peu plus de sens à trouver ailleurs ?” Et pour moi, le sens, j’avais l’impression que c’était d’entrer dans un univers artistique.
J’ai pensé que la première chose à faire était d’apprendre et de découvrir au contact de ceux qui font le mouvement artistique. Et le moyen que j’ai trouvé, ça a été de valoriser des acteurs de l’art en réalisant des documentaires et des vidéos sur eux.
J’ai créé un compte Instagram, et j’ai mis en ligne une série de vidéos, “Démasqués”. J’ai principalement suivi des artistes dit urbains. Il y a un double sens à démasquer : on te démasque et tu nous révèles qui tu es.
J’étais aussi collectionneur débutant, donc au même moment, j’ai monté une maison d’édition d’art qui s’appelait “Galeries démasqués”. C’était d’abord un site internet, et j’ai édité des risographies, des sérigraphies avec les artistes, en parallèle des capsules vidéos. Les gens pouvaient découvrir leur travail et s’ils voulaient en avoir un petit bout chez eux, ils pouvaient obtenir une édition originale. »
« Une fois que l’on commence à faire des éditions et à bien connaître les artistes, on se dit que ça pourrait être intéressant de faire des expositions. Dans un premier temps, je me suis débrouillé pour trouver des lieux. Ça a commencé grâce à une collectionneuse qui nous a prêté son appartement dans le Marais. J’ai demandé à quatre artistes d’investir les lieux, j’ai créé ma première expo immersive comme ça.
Grâce à cette expo, j’ai été repéré par une institution, l’hôpital des Quinze-Vingts, qui a souhaité monter une programmation artistique et culturelle : la Résidence Retina. C’est à dire de contacter des artistes internationaux, les faire venir dans un atelier à l’hôpital et les faire travailler sur des problématiques liées à l’ophtalmologie, spécialité de cet endroit.
J’ai créé un petit écosystème où l’art infuse petit à petit Les patients, les soignants, le grand public, à la fois pour améliorer le cadre de vie, pour permettre un pas de côté, et aussi pour des exigences de communication de l’hôpital.
En juin 2023, j’ai ouvert cet espace, Galerie Bessaud, rue de Charenton, près de Bastille et à quelques mètres des Quinze-Vingts. Je voulais un lieu de monstration, qui m’appartienne et où je suis libre à 100%. C’est à la fois un lieu où l’on fait de belles expos avec des artistes auxquels je crois, que je représente, que j’ai envie de valoriser. »
« Quand j’ai fait l’épisode “Démasqués” avec Alëxone, ça a été clairement une révélation. C’est un artiste qui cherche à travailler le maximum de médiums, en plus de travailler sur toile de manière assez classique.
À son contact, ça m’a permis de me dire “Ok, l’art c’est des œuvres uniques, des toiles, des fresques, mais c’est peut-être 2% de ce qu’est un artiste, et ce qu’il est capable de réaliser.” Ça a été un catalyseur, donc je suis allé vers ce qui me plaisait et ce que j’avais envie de construire avec les artistes. »
« Ce qui est génial avec l’art et dans mon métier de galeriste, c’est que tu as un lien fort qui doit se créer avec les artistes. Tu es aussi dans une relation avec les publics. Ce que j’apprécie, c’est que derrière chaque artiste tu as un humain qui a une approche à son travail et à la vie qui est toujours différente. Il est là pour donner du sens et parfois apporter un éclairage sur un aspect de la société, qui va questionner ton rapport au monde quand tu seras face à ses œuvres.
Par exemple, tu a évoqué BUST, c’est quelqu’un qui est autant intéressé par la pratique plastique picturale que la danse. C’est un univers que je ne connaissais pas, que j’ai découvert. Et il y a aussi Kashink qui travaille sur des enjeux sociétaux, de rapport à la femme, de genres en général. »
« J’ai aussi envie de m’adresser un peu plus largement à ma génération, trouver un moyen de les intéresser à l’art de manière décomplexée. Pas forcément acheter mais simplement se faire du bien par l’art. Et pour ça, il faut créer des moments, avec des petits pas de côté, et on crée une expérience. Des expériences qui donnent envie à tout le monde de découvrir et de s’immerger dans l’art.
Par exemple, j’ai travaillé avec un glacier qui a réalisé des desserts en accord avec des œuvres. Les gens qui sont venus découvrir les œuvres, ont eu, d’une certaine manière, l’occasion de les goûter. Il y a eu “Museaux” [voir ci-dessus l’installation de Alëxone], une expo dédiée aux animaux de compagnie. Pendant le vernissage, des gens sont venus avec leurs chiens, devant des œuvres de chiens. C’était une sorte de mise en abyme.
Avec Pieter [Ceizer], c’est une exposition autour du dessin, donc on organise des ateliers Drawing Club for Kids, ouvert à tous. Ça n’est pas parce qu’on est grand qu’il faut que l’on perde l’envie et l’enthousiasme de dessiner. Et ça, c’est hyper important. »