Dans cette deuxième partie, Amélie Fish, qui a réalisé des fresques dans le service psychiatrique pour enfant et adolescent à l’hôpital de Quimper, nous explique comment elle a procédé pour la salle à manger et le couloir.
Des appréciations réfléchies et une réalisation tout en délicatesse dans un lieu où le calme et la sérénité doivent s’imposer pour aider à la quiétude des patients.
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Peux-tu expliciter tes choix pour ces fresques dans l’hôpital ?
Pour chaque espace, j’ai évité d’utiliser des couleurs saturées et des formes trop anguleuses. J’ai choisi de garder du blanc pour ne pas surcharger les murs. J’ai dû également m’adapter à la contrainte des couleurs déjà existantes comme le orange sur les portes et le jaune du sol.
Pour la salle à manger, j’ai choisi de diviser l’espace en deux. D’un côté, un paysage abstrait qui représente une vue sur la mer, c’est le calme. De l’autre, on retrouve deux oiseaux perchés. Il y a des couleurs froides pour rafraîchir le lieu, qui sont les couleurs complémentaires du orange des portes et du jaune.
J’ai également choisi des tons neutres comme le beige pour atténuer les « bruits ». Ce sont des couleurs que l’on associe souvent au réconfort et à l’apaisement. Un vert doux est également synonyme d’apaisement et équilibrera la composition en écho aux teintes chaudes.
Pour le couloir, qui est un lieu de passage où les patients se promènent, j’ai peint une frise à hauteur des yeux qui les accompagnera. Comme c’est étroit, ça ne permet pas de prendre du recul, donc il me semblait judicieux de ne pas recouvrir le mur entièrement.
Comment tu décrirais le style de ces dessins ?
J’ai travaillé sur un univers onirique, animé par des formes abstraites. On retrouve tout de même des éléments figuratifs, notamment dans le couloir : un cheval, un chien et un chat. Ça me semblait intéressant de pouvoir se raccrocher à des éléments du réel, cela peut être rassurant.
Les animaux sont parfois utilisés pour prodiguer des soins, la cynothérapie [cyno : chien en grec] fait intervenir des chiens qui vont créer de la communication affective avec certains patients. Ces animaux peuvent intervenir dans ce type de thérapie et ils sont appréciés par tout le monde d’une manière générale. Le reste de la frise, en revanche, laisse libre cours à l’interprétation, c’est pour stimuler l’imagination de chacun.
Peux-tu évoquer les premiers retours des patients et du personnel ?
Ils sont très positifs ! Le personnel soignant apprécie ces changements à l’unanimité. Quant aux patients, l’un m’a dit : « On se croirait moins dans un hôpital. », un autre que c’était « apaisant ».