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Eduardo Bolioli, le pionnier de la custo au Posca

23.04.2024
 Je  crois  que  ça  a  été  ma  contribution  à  la  culture  surf  que  de  peindre  avec  des  POSCA  ! 

des vagues & des couleurs

Eduardo Bolioli a 58 ans, et il nous a tout simplement envoyé un email pour nous raconter son histoire. Il était très content de pouvoir enfin partager son expérience : il dessinait sur des planches de surf il y a 30 ans, quand il habitait Hawaï. On a donc décidé de lui poser quelques questions, et il nous a donné quelques précisions.

Eduardo est né à Montevideo en Uruguay, il a vécu en Suisse et aux États-Unis. Dans les années 80, il a assisté aux cours de la School of Visual Arts de New York, et un jour de mauvais temps, il a décidé de partir, le reste est une belle histoire.

https://www.instagram.com/eduardobolioli/

Vous vous souvenez de votre premier contact avec le surf ?

La première image de surf dont je me souviens, c’est en feuilletant un catalogue Air France, que mon père avait récupéré dans une agence de voyage, au début des années 60. J’ai été attiré par des images d’Hawaii, j’ai su à ce moment là que je surferai tôt ou tard. Le problème était que je vivais à Genève, donc pas vraiment à côté de l’océan. Je me souviens aussi d’un dessin-animé Disney avec Dingo qui faisait du surf, bon, ça ne m’a pas vraiment attiré plus que ça.

Je suis retourné vivre en Uruguay en 73, et c’est là que j’ai vu pour la première fois des gens faire du surf, à Carrasco sur la plage en hiver. Trois gars en combinaison en queue de castor, les vagues étaient marrons comme du café au lait, la plage est à l’embouchure du fleuve Rio de la Plata. Cinq ans plus tard, sur la plage de Pinamar, un groupe de surfeurs m’a aperçu faire du skateboard, et ils m’ont proposé de m’apprendre à surfer, contre des cours de skate…

J’ai été conquis instantanément, mais je suis devenu un surfeur acharné quand je suis allé vivre à New York, pour faire une école d’art. Je séchais pour aller surfer dans le New Jersey ou le Queens. C’était un vrai parcours du combattant dans les rues de New York avec ma petite Volvo et ma planche de surf sur le toit ! J’avoue qu’à chaque fois que je m’arrêtais à un feu rouge, ça me faisait marrer de voir les cols blancs halluciner en voyant la voiture. Quelques années plus tard, je me souviens être sorti de l’eau après une mauvaise session dans le New Jersey, il s’est mis à neiger, s’en était trop pour moi et j’ai quitté l’école pour aller au paradis.

Comment vous avez eu l’idée de peindre votre planche de surf ?

En fait, la première planche que j’ai peinte était la mienne. Je suis allé surfer en Uruguay en 83 et un ami m’a shapé une planche sur mesure, et j’ai souhaité la peindre. C’était pas mal. Ensuite j’ai shapé moi-même une planche, la première et la dernière, et j’ai utilisé un marqueur à l’émail, ça a abimé le glaçage, la planche s’est cassée sur la troisième vague.

Les dessins sur ces planches étaient… on va dire très new age, avec des triangles et des éclaboussures. Quand je suis arrivé à Hawaii, j’ai rencontré Mark Foo, et il m’a présenté à Glenn Minami, le proprio du magasin Blue Hawaii Surf. C’est là que Glenn m’a expliqué qu’ils avaient réalisé la planche de Martin Pottz Potter.

J’ai fait quelques planches pour eux, quand un jour Glenn m’a dit : « Vas-y maintenant fais en une avec ton style… » Donc je l’ai fait, j’ai laissé tombé l’aérographe pour utiliser des pinceaux, et j’ai fait sur la planche quelque chose qui ressemblait à du street art new-yorkais. C’était complètement différent et radical par rapport à ce qui se faisait à l’époque ! Glenn a regardé et a dit « Bon, reprends l’aérographe ! » Je pensais l’impressionner mais il n’était pas très content de mon essai.

À ce moment-là, Arne Knudson est arrivé dans la pièce et a dit un truc du genre : « C’est super !!! Tu peux me faire le même sur ma planche ? » Arne avait 16 ans, Glenn a reconnu son enthousiasme et a décidé de me laisser peindre quelques planches dans ce style, pour les vendre dans le magasin.

Un mois plus tard, j’ai été confronté à un vrai challenge. Il était tard, et Glenn m’a dit que des planches devaient être peintes maintenant, il fallait juste ne pas mettre de jaune dessus, car le mec n’aimait pas cette couleur. Quand j’ai su le nom du gars, j’ai failli m’évanouir, j’étais sur le point de peindre les planches de l’une de mes idoles, encore aujourd’hui, Shaun Tomson. Le lendemain matin, Glenn a fait la même grimace en voyant les planches, et m’a dit : « Hmmmm… je ne suis pas sûr que Shaun va apprécier… » En fait, Shaun a aimé les planches, et il est même venu dans la pièce où l’on peignait pour me féliciter. En plus j’ai rencontré mon idole !

Quel genre de chose, en art, vous intéressait dans ces années-là ?

À l’époque je faisais des choses assez différentes, des dessins pour des t-shirts, des planches de surf ou même des tableaux, et j’avoue que ce qui m’a pas mal inspiré, c’est la scène new-yorkaise des années 80, avec Haring, Scharf et Basquiat.

Et aujourd’hui ?

Je trouve que le street art est toujours très excitant, des artistes comme Shepard Fairey, Barry McGee, Banksy, et sinon en novembre dernier j’ai rencontré un artiste incroyable, du Venezuela, il n’est pas street artist, mais il m’a beaucoup impressionné, Tony Vazquez.

Comment c’était d’évoluer dans la culture surf dans les années 80 ?

C’était vraiment dingue de faire partie du truc, d’aller aux salons et de rencontrer des gens comme Peter Schroff, Shawn Stussy et l’incroyable David Carson.
Je suis arrivé dans le business juste après l’engouement pour la beach culture, Stussy et Schroff créaient des fringues très chouettes, les planches étaient incroyables, très bien finies. Schroff peignait des planches avec des couleurs que personnes n’avaient osé utiliser avant lui. Il mélangeait le gris avec du bleu et des roses profonds, et ajoutait un logo noir et blanc qui tranchait.

Danny Kwock, Preston Murray, Jeff Parker étaient les kids qui déchiraient et leurs planches étaient décorées avec des pois. David Carson venait de créer le magazine Beach Culture, et bien évidemment il était en train de devenir le gourou du graphisme que l’on connait.

Vous avez quel regard sur le surf aujourd’hui ?

Le monde du surf a changé, du design des planches aux tricks que l’on peut faire. Par exemple, dans les années 80, c’était Pottz et Johnny ‘Boy’ Gomez qui repoussaient les limites avec des airs, mais ils ne les rentraient pas, pour la plupart. Johnny ‘Boy’ avait une spécialité, il s’envolait en tenant sa planche à deux mains et retombait à plat ventre dessus, comme en body-board. Aujourd’hui, n’importe quel kid fait des airs comme il ferait un cut back.

Kelly Slater a fait évoluer le surf comme personne, d’une façon très positive, il l’a popularisé, mais aujourd’hui c’est difficile de trouver une petite vague tranquille pour passer l’après-midi, il y a toujours du monde. Il y a aussi une telle explosion du surf que les traditions se perdent, je trouve, on respecte moins les anciens. J’ai vu des jeunes à l’eau ne pas respecter les priorités, ce qui ne se faisait pas à l’époque.

Quand j’étais plus jeune à Waikiki, si un surfeur comme Rabbit Kekai prenait une vague, personne ne bougeait, il y avait un respect tacite dans l’eau, et si tu ne le respectais pas, tu pouvais te faire corriger ! Mis à part le fait que c’est difficile de surfer tranquillement, je crois que les changements dans le surf sont plutôt positifs. Il y a aussi ce truc des vagues énormes qui a pris une autre dimension.

 Hope  you  find  my  story  of  interest.  Feel  free  to  contact  me 

Vous pourriez compter le nombre de planche que vous avez peintes ?

Non, je ne pourrais pas ! J’en ai fait un paquet, pour pas mal de marques et magasins différents, comme Blue Hawaii Surf, Local Motion, Island Classic, HIC, mais aussi sur la côte Est des États-Unis, au New Jersey et au Maryland, et en Uruguay. J’ai découvert POSCA en 89, et j’ai commencé à peindre avec sur le hot coat. Des surfers ont alors commencé à amener leurs planches à la maison, comme Jun Jo et Shuji Jasuya du Japon, par exemple.

Je crois que ça a été ma contribution à la culture surf que de peindre avec des Posca ! Ça a changé la façon de peindre les planches, et ça permettait de dessiner plutôt que de peindre. Ça n’a pas été facile de trouver la bonne recette, et j’ai essayé plus d’une marque de marqueurs. On peignait les planches, on les passait au vernis, et quand on les mettait à l’eau, les couleurs changeaient, réagissaient, si le vernis n’ était pas sec.

Un jour, j’ai essayé avec des POSCA, j’ai dessiné sur une vieille planche, j’ai vernis et c’était fait, on avait trouvé la bonne formule. On a gardé le secret pendant plusieurs années, tout le monde voulait savoir comment on faisait. Le problème, c’est qu’à un moment, le business a ralenti, les jeunes voulaient alors des planches blanches, sans rien dessus, car c’était moins cher. C’était pourtant populaire d’avoir un dessin, et c’est devenu très important quand la marque Lost a commencé à être connue.

Dans le temps, les gens voulaient payer moins de 10 dollars pour un dessin. Quand ils voyaient ce que je faisais pour les pros, ils voulaient la même chose, mais ça me prenait un temps fou, et c’était plutôt cher.

 Ceux  qui  me  connaissaient  bien  me  laissaient  carte  blanche... 

Vous vous souvenez de ce que l’on vous demandait comme dessins à l’époque ?

Au début, c’était vraiment des trucs abstraits, ensuite j’ai commencé à dessiner des dragons, des flammes, des vagues, des aigles ou des lézards. J’ai fait par exemple une édition de 300 planches pour Local Motion avec des aigles.

Ceux qui me connaissaient bien me laissaient carte blanche, comme Sunny Garcia, Ross Williams, Max Medeiros, Mark Foo, Johnny Boy, John Shimoka, Brian McNulty, Shuji et Jun, ils me faisaient totalement confiance. Pottz avait toujours une idée, donc je m’appliquais à le satisfaire.

Mes amis proches voulaient des choses qui leur ressemble, fait spécialement pour eux, et les gens en général voulaient ce que les pros avaient sur leurs planches. En 99, je suis allé à Hawaii pour peindre des planches pour une nouvelle marque, et les gens voulaient les mêmes dessins que sur les planches Lost… Sinon, la planche la plus connue que j’ai réalisée, c’est celle que j’ai faite pour Vodka Absolut, qui représentait Hawaii.

Vous connaissez des surf artists ? Le Surf Art existe encore ?

Yep, j’en connais plus d’un, je suis fan de Peter Schroff, on s’est rencontrés dans les années 80. Il y en a plein d’autres qui ont contribué au Surf Art, comme Craig Stecyk qui a apporté le street art dans le surf et le skate, en tout cas je le pense. Il y a aussi Thomas Campbell, Melinda Morey, qui sont des artistes qui intègrent le surf et sa culture dans leur art.

On dira que l’art est une chose, et que dessiner des surfeurs et des vagues en est une autre. Le Surf Art existe, oui, c’est un art qui tente de repousser les limites, mais je ne peux appeler Surf Art tout ce qui représente des vagues et des surfeurs.

Pour conclure, vous avez surfé cette semaine ?

Oui, j’ai surfé le spot local à La Paloma, près de chez moi. Les vagues font 1,5 mètres de haut, elles sont parfaites, mais un peu froides ! J’ai une combi et des boots, et le truc pas mal c’est que le froid fait fuir les gens. J’ai pris quelques bonnes vagues, et j’ai même aperçu un couple de pingouins qui nageaient !

En bonus, l’email que Eduardo
nous a fait parvenir

« I wanted to contact the people at Posca for years but just now I see this website. Only a few people know this story that I believe that it must be a big part of the history of Posca markers, in the eighties I used to be the art director for Blue Hawaii Surfboards in Honolulu and back then I started investigating with painting on the finished boards. I must have painted over thirty surfboards with different markers and paints until I came across Uni-Posca markers.

These were the only markers that didn’t run when we applied the UV protection on, I think it was some sort of lacquer used in the car industry. Anyway soon after that I started experimenting with different painting techniques until one day it occurred to me that maybe I could mix the colors by opening the markers, It took me several days to figure out how to open them and it was thanks to my friend Shuji Kasuya (Japan’s greatest surfer ever) that he told me that in Japan some products you had to spin the caps in the opposite direction as in the USA to open them, so I did and I was able to obtain a very wast color scheme from that day on.

For several years we kept that a secret in Blue Hawaii Surf, not telling anyone what we used or how to paint on the hotcoat with markers, but when I switched jobs to Local Motion I had to teach other artists to paint with my technique and that was around 1992. I painted boards for surfers like Martin Potter, Sunny Garcia, Kaipo Jaquias, Shuji Kasuya, Johnny Boy Gomes, Ross Williams and hundreds of unknown surfers around the world.

In 1992 Absolut Vodka selected me to represent the state of Hawaii with an art piece created for the brand, I chose to paint a real surfboard for that campaign and now that art piece is part of the permanent exhibit at the Absolut Museum in Sweden, it is probably the most famous surfboard I had ever painted. In 1993 I returned to my native country Uruguay and I painted very few boards since then, mostly for my friends. I still use Posca on some of my paintings and I would very much like to be able to do some work with the Posca company some day, heck I feel I deserve it, without knowing I somehow started an art revolution. I do have some old surfboard photographs posted on my facebook.

Hope you find my story of interest. Feel free to contact me.

Regards – Eduardo Bolioli »

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